Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée
93
le peuple du pôle

l’avertir lorsqu’un fait me frappa auquel je n’avais tout d’abord pas pris garde : le ballon reposait sur ses amortisseurs d’une manière aussi stable que s’il avait été attaché par de nombreuses et solides amarres ; je remarquai alors que nous avions atterri sur une longue pierre rectangulaire et brune et que les amortisseurs y adhéraient irrésistiblement ; on aurait dit qu’ils y étaient soudés ; pourtant, étant donnée la quantité d’hydrogène qui, visiblement, existait encore dans l’enveloppe, la force ascensionnelle ne pouvait être de beaucoup inférieure à la force d’inertie représentée par le poids brut de l’appareil ; par conséquent un très léger effort aurait dû suffire pour déplacer ou soulever le ballon ; mais ce fut en vain que je voulus le faire, de la main d’abord, puis en utilisant comme levier le canon de ma carabine que j’avais emportée par prudence.

Au bout de quelques minutes, il me parut évident que cette adhérence du ballon à la pierre et l’obstacle mystérieux qui la veille avait entravé notre marche étaient en relation immédiate. Et j’eus dès lors le sentiment très net d’une intelligence cachée qui nous avait longuement épiés, pris au piège et qui dès cet instant nous dominait.

Nous n’étions pas seuls. Preuve tangible, irréfutable, le haut disque de métal brillait d’un éclat