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le peuple du pôle

perturbable, si par malheur nous restions quelque part, là-bas, — et sa main esquissait un geste du côté du Nord, — ces notes explicatives deviendraient absolument nécessaires.

Vers la fin de la journée, n’entendant plus résonner dans les environs la chanson de mon camarade, je me disposais à partir à sa recherche quand je le vis apparaître, escorté des trois moines de Kabarova et d’une horde de Samoyèdes luisants et graisseux. En m’apercevant, Ceintras fit claquer ses doigts et, pour toute réponse aux questions que je lui posai, se contenta d’abord de chantonner son refrain familier. Puis, me désignant les trois moines obséquieux, souriants et totalement incapables de comprendre ses paroles, il s’écria sur un ton d’emphase comique :

— Voilà ! ces respectables moines, avertis par l’interprète que notre départ était proche, lui ont assuré qu’ils consentiraient volontiers à bénir notre navire aérien moyennant une bouteille ou deux d’eau-de-vie. Leur bénédiction vaut bien cela ! Pour ce qui est de ces nobles populations, je pense qu’elles méritent également de prendre part à nos libéralités.

On alla chercher deux litres de rhum pour les moines et un bidon d’alcool à brûler que les Samoyèdes commencèrent aussitôt à se passer de