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le peuple du pôle

je compris ce qui se passait : Ceintras, inlassablement, continuait la tuerie !

Tant d’affreuses visions n’avaient fait qu’accroître ma colère. Sans prendre garde à la fatigue, j’allai, j’allai toujours, m’orientant de mon mieux à l’aide du bruit des détonations qui résonnaient de plus en plus prochaines. Le jour favorisait ma marche et l’idée que j’arrivais en justicier ranimait mon courage. Oui, je tuerais Ceintras, parce que c’était mon devoir de le tuer ; je me promettais même de m’acharner sur son cadavre comme il l’avait fait sur ceux des monstres, de m’acharner longtemps, afin que le peuple du Pôle eût connaissance de mon acte… Et ce n’était pas une lâcheté, le désir d’être épargné par la suite qui m’entretenait dans ce dernier dessein, c’était l’orgueil de montrer à nos hôtes que les hommes pouvaient tout de même se comporter selon la justice.

Pensées de fiévreux et de malade, évidemment ! Il n’en est pas moins vrai qu’au moment où elles se présentèrent à moi, elles me parurent dictées par la plus rigoureuse logique.

J’étais plein de cette idée de « réparation » nécessaire et j’eus comme une sorte de chagrin à constater que les premiers monstres vivants qui m’apparurent fuyaient à mon approche en pous-