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le peuple du pôle

avait quelque chose de si humain que je devins subitement grave.

— Ceintras, nous avons tort de nous moquer… Qui sait ce qui peut résulter du contact de leur intelligence avec notre civilisation ?

— Tu ne vas pas prétendre qu’ils sont plus intelligents que les hommes ?

— Plus intelligents, je n’en sais rien, mais ils le sont autrement. En tout cas, ils connaissent des choses que nous ignorons encore…

— Et ils en ignorent que nous connaissons depuis longtemps. En réalité, il existe un abîme infranchissable entre eux et nous. Et puis, tiens, regarde-les, absorbés depuis notre départ dans la contemplation stupide du moteur. Ce sont des brutes, de simples brutes, te dis-je, qui n’auront pour l’humanité qu’un intérêt scientifique et, pour nous, celui de la réclame qu’ils nous feront, quand la foule se pressera pour les contempler… au jardin d’Acclimatation !

Mon cœur, en vérité, se serra devant la probabilité de cette injustice. Certes, Ceintras avait résumé avec clairvoyance l’opinion des hommes à notre retour prochain : n’ayant pas connu les merveilles du monde polaire, ils n’admettraient pas de longtemps que ces singulières créatures fussent autre chose que des animaux… — Cependant, mal-