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le peuple du pôle

— Mais alors, pourquoi ne nous ont-ils pas délivrés tout de suite ?… Écoute, nous ne pouvons pas attendre leur bon vouloir ; le temps nous presse, il nous reste tout juste assez d’hydrogène… Et puis, s’ils allaient changer d’idée ? Ou si nous nous méprenions une fois de plus sur leurs intentions ?… Crois-moi, il vaut mieux sans plus tarder nous mettre à l’œuvre.

Avec des branches et de la terre nous édifiâmes une sorte d’échafaudage destiné à soutenir le ballon lorsque l’amortisseur de l’avant aurait été déboulonné. Cette opération fut longue et pénible. Nous en vînmes à bout cependant, mais, lorsque nous nous mîmes en devoir d’enlever l’amortisseur, il s’échappa de nos mains et alla de tout son long se coller sur la pierre brune. Le ballon oscilla, la poutre armée parut se ployer… Il y eut un léger craquement que suivit un long hurlement de douleur. Je fermai les yeux… Lorsque je les rouvris, notre échafaudage avait été écrasé comme un fétu, l’extrémité de la poutre métallique adhérait à son tour à l’aimant et Ceintras, que l’énorme masse avait entraîné dans sa chute, se débattait à plat ventre par terre en faisant de vains efforts pour dégager son bras gauche enfoui sous un amoncellement de décombres.

Par une chance extraordinaire le ballon, malgré