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le peuple du pôle

blement, cela leur était désagréable, et il fallait qu’ils fussent doués d’une patience plus qu’humaine pour supporter comme ils le firent le bizarre caractère de mon compagnon.

Cependant, à mesure que le temps passait, Ceintras devenait de plus en plus nerveux, — son régime d’ivrognerie y était bien pour quelque chose, — et je pressentais qu’un moment arriverait où je serais définitivement incapable de le maîtriser. Et alors, qu’adviendrait-il ? Il m’était impossible de me débarrasser un instant de cette inquiétude… Or, un jour où nous revenions tous deux silencieux et lassés vers le ballon, une soudaine exclamation de mon compagnon me fit tressaillir.

— Qu’y a-t-il ? demandai-je.

— Le moteur, s’écria-t-il, le moteur !…

Je mis un certain temps à me rendre compte. La réponse de Ceintras avait suscité en moi une espérance à laquelle je n’osais pas m’abandonner encore ; je crois même que je tins les yeux clos pendant un quart de minute pour qu’elle ne s’évanouît pas trop brusquement. Mais il fallut bien me rendre à l’évidence. Profitant de notre absence pour ne pas être gênés dans leurs opérations, les monstres avaient remis à la place voulue la lourde masse du moteur. Agenouillé près de lui,