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le peuple du pôle

enfants ; mais la race se multiplie, le domaine ne lui suffit plus, et, bientôt, force est aux nouvelles générations d’aller chercher fortune ailleurs. Ces hommes deviennent alors ce que la nature de leur patrie d’adoption veut qu’ils soient ; si le pays est, par exemple, couvert de forêts difficiles à défricher et peuplées d’animaux, ils sont chasseurs et non plus agriculteurs comme leurs frères et cousins demeurés au berceau de la race… Ainsi, délaissant les marais primitifs où vivaient les monstrueux sauriens des vieux âges, certaines espèces ont peu à peu gagné la terre ferme, se sont couvertes de poils, et c’est d’elles que sont sorties les races des mammifères. Mais les espèces fraternelles qui étaient restées dans les marais n’en continuaient pas moins à se tranformer dans le sens du progrès, et, dès lors, qu’y a-t-il d’étonnant à ce que l’une d’elles ou plusieurs d’entre elles, soient parvenues, comme l’espèce humaine, jusqu’à la possession d’un cerveau doué de raison et d’intelligence, point culminant du progrès qu’il nous est permis de concevoir pour un être vivant ?

Je me revois, quelques minutes plus tard, poursuivant cet entretien avec Valenton sous la petite tonnelle de l’auberge, devant le thé