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depuis quelques heures, seul, ou comme seul, puisque Ceintras ne s’est réveillé que pour devenir fou et tuer dans un accès de terreur démente trois des monstres qui s’étaient avancés pour l’examiner à son tour. De ce fait, j’ai perdu mon dernier espoir, qui était de lier commerce à la longue avec le peuple polaire et de me faire entendre de lui. Après la fatale imprudence de Ceintras, les monstres se sont enfuis avec de longs susurrements plaintifs et ont disparu dans des trous sur lesquels se sont ouvertes, puis refermées des trappes de fer ; j’ai eu le temps d’apercevoir dans un lointain lumineux, comme une grande ville souterraine, d’entendre le grondement de leurs machines… Prodigieuses m’apparaissent dès à présent leur intelligence et leur puissance ; ainsi, j’ai la certitude que ce sont eux qui produisent artificiellement, pour qu’une vie civilisée et sociale soit possible en ces latitudes, ce jour et cette nuit qui nous surprirent tant… La nuit va revenir bientôt, avec le froid et le sommeil magnétique. Nous réveillerons-nous jamais ?

Nul doute que les monstres ne soient