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vrai que l’homme tout entier n’est que matière, il n’en seroit pas moins appellé à être heureux ou malheureux dans une autre vie, rélativement à la nature de ses actions.

L’auteur de l’univers qui conserve l’univers lui-même, cette grande machine si prodigieusement composée, manqueroit-il de moyens pour conserver l’homme purement matériel ? Mais ; les philosophes dont je parle, ont été bien éloignés de comprendre ceci ; & il en est encore qui croiroient que tout seroit perdu, si on démontroit une fois l’automatisme de l’homme ou ce qui revient au même, que tout l’homme n’est que pur organisme.

On a donc pris la question par le côté le moins philosophique : on a fait dépendre les espérances de l’homme d’une chose dont elles ne dépendoient point. On a soutenu l’éxistence de l’ame humaine, parce que l’homme est un être moral, & qu’un être moral doit être recompensé ou puni. Il falloit admettre l’éxistence de l’ame humaine, parce qu’en bonne philosophie on ne sçauroit rendre raison, sans elle, de tous les phénomènes