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L’âne est placé dans l’oeconomie présente fort au dessus de l’araignée, & il conservera dans un autre état la prééminence qu’il a sur elle. La perfection de l’animal doit se mésurer par le nombre & la perfection de ses sens ; la portée de l’instinct dépend en dernier ressort de ces deux conditions. L’âne a les mêmes sens que l’homme ; & si son toucher paroît fort obtus, il en est, probablement dédommagé par les qualités plus éminentes de ses autres sens. C’est par ses sens que l’animal est en commerce avec la nature. Plus le nombre de ses sens est grand ; plus ses sens sont exquis, & plus il connoît d’objets & de qualités de chaqu’objet. Plus les sens d’un animal se rapprochent de ceux de l’homme, & plus les sensations de cet animal sont nombreuses & diversifiées. Plus l’animal a de sensations, & de sensations diverses, & plus il compare.

Plus il compare, & plus son instinct s’étend & se perfectionne. L’âne a donc un plus grand nombre de sensations & des sensations plus diverses, que l’araignée. Il connoît bien plus d’objets ; il compare d’avantage ; il tient