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de son sein, de vastes continens s’ébranler, le globe entier frémir, & nous n’appercevons point la première étincelle qui allume dans les entrailles de la terre ces prodigieux embrasemens ; nous ne découvrons point le petit caillou qui en se détachant d’une voûte souterraine produit cette étincelle ; nous ignorons la cause qui détache ce caillou, la cause de cette cause, & que n’ignorons-nous point encore !

Ces intelligences à qui il a été donné de découvrir le jeu secret des fibres les plus déliées d’un cerveau, voyent partir cette étincelle ; que dis-je ! Découvrent le petit caillou & toute la chaîne dont le caillou & l’étincelle ne sont que deux chaînons.

Les sensations, les idées, les affections, les passions sont les élémens du monde moral ; non les élémens premiers, mais les élémens dérivés ; & nous ne connoissons pas mieux ces élémens, que nous ne connoissons ceux du monde physique. Je parle ici d’une connoissance complette, & point du tout de ces à peu près, qui ne sçauroient jamais constituer une véritable science.