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de ce spectacle ? Nous qui en saisissons à peine les parties les plus saillantes, & qui nous perdons si facilement dans la foule des détails !

Si l’homme ne peut pénétrer le fond de son être ; s’il ne connoit pas mieux ses semblables, qu’il ne se connoit lui-même ; quel sera donc le spectateur des merveilles les plus cachées de l’humanité ? La plus belle, la plus riche, la plus étonnante partie du monde moral seroit-elle donc sans contemplateur ?

La souveraine intelligence étaleroit-elle dans ce saint des saints de la création terrestre les immenses trésors de son adorable sagesse, tandis qu’il n’y auroit point d’yeux pour les admirer & d’intelligence capable de saisir l’ensemble de ce merveilleux systême ?

Nous contemplons les secousses du monde politique, comme nous contemplons celles du monde physique. Nous voyons des matiéres combustibles s’enflammer, des gouffres s’ouvrir, des volcans vomir des torrens de flammes, des villes s’écrouler sur leurs fondemens, la mer se répandre sur les terres, des isles sortir