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dont ils doivent transmettre à l’ame les impressions ; il est à présumer, que la connoissance d’un nombre si prodigieux d’objets, & d’objets si différens entr’eux, dépendra d’un assortiment d’organes infiniment supérieur à celui qui est rélatif à notre oeconomie présente.

Les signes de nos idées se multiplieront, se diversifieront, se combineront dans un rapport déterminé aux objets, dont ils seront les représentations symboliques, & la langue ou les langues que nous posséderons alors auront une expression, une fécondité, une richesse, dont les langues que nous connoissons ne sçauroient nous donner que de très foibles images.

Précisément parce que nous verrons les choses d’une maniére incomparablement plus parfaite, nous les exprimerons aussi d’une maniére incomparablement plus parfaite. Nous observons ici-bas que la perfection des langues correspond à celle de l’esprit, & que plus l’esprit connoît, plus il exprime : nous observons encore que le langage perfectionne à son tour la connoissance ; & la langue sçavante des géomètres, cette belle langue où réside à un si haut point l’expression symbolique, peut nous aider à concevoir la possibilité d’une langue vraiment universelle, que nous