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être dont l’essence soit d’éxister, & tout ce qui porte le nom impropre d’être, étoit renfermé dans l’éxistence nécessaire comme la conséquence dans son principe.

Combien notre faculté d’aimer est-elle actuellement bornée, imparfaite, aveugle, grossiérement intéressée ! Combien toutes nos affections participent-elles à la chair & au sang ! Combien notre cœur est-il étroit ! Combien a-t-il de peine à s’élargir, & à embrasser la totalité des hommes ! Combien, encore une fois, le physique de notre constitution s’oppose-t-il à l’épurement & à l’éxaltation de notre faculté d’aimer. Combien lui est-il difficile de se concentrer un peu fortement dans l’être souverainement aimable !

Nos besoins toujours renaissans nous lient aux objets qui peuvent les satisfaire. Le cercle de nos affections ne s’étend guères au delà de ces objets. Il semble qu’il ne nous reste point assés de capacité d’aimer pour aimer encore ce qui ne se rapporte pas d’une manière directe à notre individu. Notre amour-propre