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abstrairoit-il ? Il fait bien sentir par cette comparaison philosophique, que l’homme ne sçauroit pas plus se représenter la véritable nature des biens-à-venir, que l’animal ne peut se représenter les plaisirs intellectuels de l’homme. L’animal stupide qui broute l’herbe devineroit-il nos sciences & nos arts ? L’homme, qui ignore tant de choses qui appartiennent au monde qu’il habite, devineroit-il les choses qui appartiennent à ce monde qu’il habitera un jour ?

Je pense donc comme notre psychologue ; que nous connoissons de la vie à venir tout ce que nous en pouvions connoître ici bas ; & que pour nous donner plus de lumiére sur cet état futur, il auroit fallu apparemment changer notre état actuel.

Ceci est bien simple : comment parviendrions-nous à connoître des objets qui, non seulement n’ont aucune proportion avec nos facultés actuelles ; mais, qui supposent, sans doute, encore d’autres facultés pour être saisis ou conçus ? L’homme le plus éclairé & le plus