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que mes propres sens m’attesteroient ; il faudroit me jetter dans le pyrrhonisme le plus absurde : car quel pyrrhonisme plus absurde, que celui qui douteroit sérieusement de tous les faits de l’histoire, de la physique, de l’histoire naturelle, etc. & qui rejetteroit entiérement toute espèce de témoignage ! & quelle vie plus misérable & plus courte que celle d’un homme qui ne se confieroit jamais qu’au rapport de ses propres sens, & qui se refuseroit opiniâtrement à toute conclusion analogique !

Je ne dirai point, que la vérité du christianisme est démontrée : cette expression admise & répétée, avec trop de complaisance, par les meilleurs apologistes, seroit assurément très impropre. Mais ; je dirai simplement, que les faits qui fondent la crédibilité du christianisme me paroissent d’une telle probabilité, que si je les rejettois, je croirois choquer les régles les plus sûres de la logique, & renoncer aux maximes les plus communes de la raison.