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si l’on veut, nécessaires, d’une chose excellente, avec cette chose même ? Quoi donc ! Étoit-ce bien une doctrine qui ne respire que douceur, miséricorde, charité, qui ordonnoit ces horreurs ?

Étoit-ce bien une doctrine si pure, si sainte qui prescrivoit ces crimes ? Étoit-ce bien la parole du prince de la paix qui armoit des frères contre des frères, & qui leur enseignoit l’art infernal de raffiner tous les genres de supplices ? Étoit-ce bien la tolérance elle-même, qui aiguisoit les poignards, préparoit les tortures, dressoit les échafauds, allumoit les buchers ? Non ; je ne confondrai point les ténèbres avec la lumière, le fanatisme furieux avec l’aimable charité. Je sçais, que celle-ci est patiente, & pleine de bonté ; qu’elle n’est point envieuse, ni vaine ni insolente ; qu’elle ne s’enfle point d’orgueil, ne fait rien de malhonnête, ne cherche point son intérêt particulier, ne s’irrite point, ne soupçonne point le mal, ne se réjouit point de l’injustice ; mais se plait à la droiture, excuse tout, espère tout, supporte tout. Non ; celui qui alloit de lieu en lieu faisant du bien, n’avoit point armé d’un glaive homicide la main de ses enfans, & ne leur avoit point dicté un code d’intolérance. Le