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que la nécessité morale n’est point du tout une vraye nécessité ; qu’elle n’est au fond que la certitude considérée dans les actions libres ?

Parce que l’homme ne peut pas ne point s’aimer lui-même ; parce qu’il ne peut pas ne se déterminer point pour ce que son entendement a jugé le plus convenable ; parce que sa volonté tend essentiellement au bien réel ou apparent, s’ensuit-il que l’homme agisse comme une pure machine ?

S’ensuit-il que les loix ne puissent point le diriger à sa véritable fin ; qu’il ne puisse point les observer ; qu’il n’aît point un entendement, une volonté, une liberté ; que ses actions ne puissent point lui être imputées dans aucun sens ; qu’il ne soit point susceptible de bonheur & de malheur ; qu’il ne puisse point rechercher l’un & éviter l’autre ; qu’il ne soit point, en un mot, un être moral ?

Je regrette que la pauvreté de la langue aît introduit dans la philosophie ce malheureux mot de nécessité morale, si impropre en soi, & qui cause tant de confusion dans une chose très-simple, & qui ne sçauroit être exposée avec trop de précision & de clarté.