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biens soit de l’esprit, soit du corps. Cette seconde difficulté, bien approfondie, me conduit à une absurdité palpable. Les dons de l’esprit, comme ceux du corps, tiennent à une foule de circonstances physiques, enchaînées les unes aux autres, & cette chaîne remonte jusqu’au premier instant de la création.

Afin donc que tous les hommes eussent possédé les mêmes dons, & au même degré, il auroit fallu en premier lieu, qu’ils ne fussent point nés les uns des autres ; car combien la génération ne modifie-t-elle pas l’organisation primitive des germes ! Il auroit fallu en second lieu, que tous les hommes fussent nés dans le même climat, se fussent nourris des mêmes alimens ; qu’ils eussent eu le même genre de vie, la même éducation, le même gouvernement ; etc. Car pourrois-je nier que toutes ces choses n’influent plus ou moins sur l’esprit ? Ici la plus légère cause porte ses influences fort au-delà de ce que je puis penser. Je l’ai assés entrevu.

Ainsi, pour opérer cette égalité parfaite de dons entre tous les individus de l’humanité,