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Je jette un coup d’œil rapide sur la face du monde avant la naissance de cette grande révolution. Deux religions principales s’offrent à mes regards ; le théïsme & le polythéïsme.

Je ne parle pas du théïsme des philosophes payens ; ce très petit nombre de sages qui, comme Socrate ou Anaxagore, attribuoient l’origine des choses à un esprit éternel ; ces sages, dis-je, ne faisoient point un corps, & laissoient le peuple dans la fange du préjugé & de l’idolatrie. Ils avoient la main pleine de vérités & ne daignoient l’ouvrir que devant les adeptes.

Je parle du théïsme de cette nation si singulière & si nombreuse, séparée par ses loix, par ses coutumes, par ses préjugés même de toutes les autres nations, & qui croit tenir sa religion & ses loix de la main de Dieu. Cette nation est fortement persuadée que cette religion & ces loix ont été appuyées de miracles éclatans & divers : elle est fort attachée à son culte extérieur, à ses usages, à ses traditions ; & quoiqu’elle soit fort déchue de sa première splendeur, & soumise à un joug étranger, elle conserve encore tout l’orgueil