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Je ne refuse point mon admiration à ces beaux génies. Ils consoloient la nature humaine des outrages qu’elle recevoit de la superstition & de la barbarie. Ils étoient, en quelque sorte, les précurseurs de cette raison qui devoit mettre en évidence la vie & l’immortalité. Je leur appliquerois, si je l’osois, ce qu’un écrivain, qui étoit mieux encore qu’un beau génie, disoit des prophêtes ; ils étoient des lampes qui luisoient dans un lieu obscur.

Mais ; plus j’étudie ces sages du paganisme, & plus je reconnois, qu’ils n’avoient point atteint à cette plénitude de doctrine, que je découvre dans les ouvrages des pêcheurs, & dans ceux du faiseur de tentes. Tout n’est point homogène dans les sages du paganisme ; tout n’y est point du même prix, & j’y apperçois quelquefois la perle sur le fumier. Ils disent des choses admirables, & qui semblent tenir de l’inspiration ; mais, je ne sçais ; ces choses ne vont point autant à mon cœur, que celles que je lis dans les écrits de ces hommes, que la philosophie humaine n’avoit point éclairés. Je trouve dans ceux-ci un genre de pathétisme, une onction, une gravité,