Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/364

Cette page n’a pas encore été corrigée

rélatif à la nature des actions morales. Elle donnera les plus magnifiques idées du bonheur à venir, & peindra des couleurs les plus effrayantes le malheur futur. & comme ces objets sont de nature à ne pouvoir être représentés à des hommes, que par des comparaisons tirées de choses qui leur sont très connues ; la doctrine dont je parle, recourra fréquemment à de semblables comparaisons. Ce seront des festins, des noces, des couronnes, des rassasiemens de joye, des fleuves de délices, etc. Ou ce seront des pleurs, des grincemens de dents, des ténèbres, un ver rongeant, un feu dévorant, etc. Enfin ; parce que les menaces ne sçauroient être trop reprimantes, puisqu’il arrive tous les jours que les hommes s’exposent volontairement pour un plaisir d’un moment, à des années de misère & de douleur ; il seroit fort dans l’esprit de la chose, que la doctrine dont il s’agit, representât les peines comme éternelles, ou du moins comme un malheur d’une durée indéfinie.

Mais ; en ouvrant cet épouvantable abîme aux yeux des hommes sensuels, cette doctrine de vie éxalteroit, en même tems, les compassions du pére commun des hommes, & permettroit d’entrevoir sur le bord de l’abîme une