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compter plus de trente mille, & ce critique se flatte pourtant d’avoir donné la meilleure copie de la déposition des témoins, & assure l’avoir faite sur plus de nonante manuscripts, recueillis de toutes parts & collationnés éxactement.

J’ai peine à revenir de mon étonnement : mais ; ce n’est point pendant qu’on est si étonné, qu’on peut réfléchir. Je dois me défier beaucoup de ces premières impressions, & rechercher avec plus de soin & dans le sens froid du cabinet, les sources de ce nombre prodigieux de variantes.

Les réfléxions s’offrent ici en foule à mon esprit : je m’arrête aux plus essentielles. Je ne connois, il est vrai, aucun livre ancien, qui présente, ni à beaucoup près, un aussi grand nombre de leçons diverses, que celui dont je fais l’éxamen. Ceci a-t-il néanmoins de quoi me surprendre beaucoup ? Depuis qu’il est des livres dans le monde, en est-il aucun, qui aît dû être lu, copié, traduit, commenté aussi souvent, en autant de lieux, & par autant de lecteurs, de copistes, de traducteurs, d’interprêtes que celui-ci ? Un sçavant laborieux consumeroit ses veilles à lire & à