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Ceci s’applique de soi-même aux suppositions.

Il ne me semble pas moins improbable, qu’on aît pu dans aucun tems supposer des écrits aux témoins ; qu’il ne me le paroît, qu’on aît pu dans aucun tems falsifier leurs propres écrits.

En y regardant de près, il m’est facile de reconnoître, que les divisions continuelles & si multipliées de la société fondée par les témoins, ont dû naturellement conserver le texte authentique dans sa premiére intégrité.

Si ces divisions dégénérèrent ensuite en guerres ouvertes & acharnées ; si les parties belligérentes en appelloient toujours au texte authentique, comme à l’arbitre irréfragable de leurs querelles ; si l’on vint enfin à découvrir un moyen nouveau de multiplier à l’infini & avec autant de précision que de promptitude, les copies du texte authentique ; ne serai-je pas dans l’obligation la plus raisonnable de convenir, que la crédibilité de la déposition écrite n’a rien perdu par le laps du tems, & que ces écrits qu’on me donne aujourd’hui pour ceux des témoins, sont bien les mêmes qui leur ont toujours été attribués ?