Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour les âges suivans ; car il me paroîtroit très évident qu’elle accroîtroit en raison directe de ce nombre prodigieux de copies & de cette multitude de versions qu’on ne cessoit de faire du texte authentique, & qui voloient dans toutes les parties du monde connu. Comment falsifier à la fois tant de copies & tant de versions ? Je ne dis point assés : comment la seule pensée de le faire, seroit-elle montée à la tête de personne ?

Je sçais d’ailleurs, qu’il est bien prouvé par l’histoire du tems, que les premiers novateurs ne commencèrent à écrire qu’après la mort des premiers témoins. Si ces novateurs, pour favoriser leurs opinions particulières, avoient entrepris de falsifier les écrits des témoins ou ceux de leurs plus illustres disciples ; la société nombreuse & vigilante qui en étoit la gardienne, ne s’y seroit-elle pas d’abord fortement opposée ? & si cette société elle-même, pour réfuter avec plus d’avantage les novateurs, avoit osé falsifier le texte authentique ; ces novateurs qui en appelloient eux-mêmes à ce texte, auroient-ils gardé le silence sur de semblables impostures ?