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deux petits faits, dont, à la vérité, nous déduisons bien des conséquences, mais, qui ne nous éclairent point du tout sur le comment de la chose. Nous sçavons, à n’en pouvoir douter, qu’à l’occasion du mouvement d’un certain nerf, l’ame a une certaine sensation. Nous sçavons encore très certainement, qu’à l’occasion d’une certaine sensation, l’ame a une certaine volition, qui est accompagnée d’un certain mouvement dans une ou plusieurs parties de son corps. Mais ; sçavons-nous tant soit peu comment l’ébranlement d’un certain nerf fait naître ou occasionne dans l’ame une certaine sensation, & comment à l’occasion d’une certaine volition il s’excite un certain mouvement dans une ou plusieurs parties du corps ? L’ame, toujours présente à son corps, ne sçait pas le moins du monde, comment elle lui est présente. Elle a un sentiment très clair de son éxistence ou de son moi ; elle sçait très bien ce qu’elle n’est pas, & ignore profondément ce qu’elle est. Elle voit, entend, goûte, palpe, meut, & n’a pas la plus légère connoissance du secret de toutes ces opérations. Elle ne connoit pas mieux ce cerveau sur lequel elle opère ou paroît opérer, qu’elle ne connoit le fond de son