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n’ayent pas le plus petit germe de vanité, & qu’ils dédaignent les applaudissemens du peuple spectateur de leurs prodiges ?

C’est donc avec autant d’admiration que de surprise, que je lis ces paroles : israëlites ! Pourquoi vous étonnés-vous de ceci ? & pourquoi avés-vous les yeux attachés sur nous, comme si c’étoit par notre propre puissance, ou par notre piété, que nous eussions fait marcher cet homme ? À ce trait si caractéristique, méconnoîtrois-je l’expression de l’humilité, du désintéressement, de la vérité ? J’ai un cœur fait pour sentir, & je confesse que je suis ému toutes les fois que je lis ces paroles.

Quels sont donc ces hommes, qui lorsque la nature obéït à leur voix, craignent qu’on n’attribue cette obéïssance à leur puissance ou à leur piété ? Comment recuserois-je de pareils témoins ? Comment concevrois-je qu’on puisse inventer de semblables choses ? & combien d’autres choses que je découvre, qui sont liées indissolublement à celle-ci, & qui ne viennent pas plus naturellement à l’esprit !