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Conclurai-je néanmoins de tout cela, qu’il n’y a point de certitude morale ? Parce que j’ignore le secret de la composition de l’homme, en déduirai-je, que je ne connois rien du tout de l’homme ? Parce que je ne sçais point comment l’ébranlement de quelques fibres du cerveau est accompagné de certaines idées, nierai-je l’éxistence de ces idées ? Ce seroit nier l’éxistence de mes propres idées : parce que je ne vois point ces fibres infiniment déliées, dont les jeux divers influent sur l’éxercice de l’entendement & de la volonté, mettrai-je en doute, s’il est un entendement & une volonté ? Ce seroit douter si j’ai un entendement & une volonté, etc. Etc.

Je connois très bien certains résultats généraux de la constitution de l’homme, & je vois clairement que c’est sur ces résultats que la certitude morale est fondée. Je sçais assés ce que les sens peuvent ou ne peuvent pas en matière de faits, pour être très sûr que certains faits ont pu être vus & palpés.

Je connois assés les facultés & les affections de l’homme, pour être moralement certain que dans telles ou telles circonstances données, des témoins auront attesté la vérité.