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pas moins des loix immuables de notre être.

Ils n’en fournissent donc pas un fondement moins solide à nos raisonnemens.

Ainsi, parce que les objets de nos sensations ne sont point en eux-mêmes ce qu’ils nous paroissent être, il ne s’ensuit point du tout, que nous ne puissions pas raisonner sur ces objets comme s’ils étoient réellement ce qu’ils nous semblent être. Il doit nous suffire que les apparences ne changent jamais.

Je pourrois dire beaucoup plus : quand le pur idéalisme seroit rigoureusement démontré ; rien ne changeroit encore dans l’ordre de nos idées sensibles & dans les jugemens que nous portons sur ces idées. L’univers, devenu purement idéal, n’en éxisteroit pas moins pour chaqu’ame individuelle : il n’offriroit pas moins à chaqu’ame, les mêmes choses, les mêmes combinaisons & les mêmes successions de choses, que nous contemplons à présent. On n’ignore pas, que le pieux & sçavant prélat, qui s’étoit déclaré si ouvertement & si vivement le défenseur de ce systême singulier, soutenoit, qu’il étoit de tous les systêmes le