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probables, le grand nombre des opinions & des rêves de tous les tems & de tous les lieux.

Si quelque chose peut faire pardonner aux auteurs d’avoir consacré dans leurs recueils ces sçavantes chimères, c’est la considération qu’elles peuvent servir à l’histoire de l’esprit-humain.

Il nous manque un bilan éxact de nos connoissances : le livre qui le donneroit, seroit le plus précieux de tous les livres ; il seroit aussi le plus difficile à éxécuter. Il faut une prodigieuse justesse d’esprit pour donner à chaque chose son juste prix, & sur-tout pour apprécier les probabilités en tout genre.

Les corps agissent les uns sur les autres par différentes forces. Ces forces ne nous sont connuës que par quelques-uns de leurs effets.

Le physicien observe ces effets, & le mathématicien les calcule ; mais, ni l’un ni l’autre ne connoissent le moins du monde les causes qui opèrent ces effets.

Le physicien observe une infinité de mouvemens dans la nature : il connoît les loix générales du mouvement ; il connoît encore les loix particulières des mouvemens de certains