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deviendroit ainsi pour nous une bibliothèque où nous lirions infiniment plus de choses & de choses incomparablement plus intéressantes & plus relevées, que tout ce que renferment les plus riches collections de philosophie & d’histoire naturelle.

Quand je considère, que le lieu que nous occupons n’est qu’un point dans l’espace ; que notre vie n’est qu’un instant dans la durée ; quand je réfléchis profondément sur les bornes étroites de nos facultés ; sur l’imperfection de nos méthodes & de nos instrumens ; sur la lenteur de nos mouvemens & de toutes les opérations soit de notre corps, soit de notre esprit ; sur la petitesse, le lieu ou l’éloignement d’un nombre presqu’infini d’objets qui sont ainsi hors de la portée de nos sens & de nos meilleurs instrumens ; sur la nature, la multiplicité & la complication des rapports qui lient tous ces objets ; quand, dis-je, je réfléchis profondément sur toutes ces choses, & sur une multitude d’autres choses qui en dépendent ; je ne puis m’empêcher de penser, que ce monde que nous habitons, n’a pas été fait principalement pour nous. Il me paroît