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résultent essentiellement des rapports que je soutiens avec différens êtres, & que je ne suis point le maître de changer ces rapports ; je vois manifestement que je ne puis violer plus ou moins les loix de ma nature particulière, sans m’éloigner plus ou moins de ma véritable fin.

L’expérience me démontre, que toutes mes facultés sont renfermées dans certaines limites naturelles, & qu’il est un terme où finit le plaisir & où commence la douleur. J’apprens ainsi de l’expérience, que je dois régler l’exercice de toutes mes facultés, sur leur portée naturelle.

Je suis donc dans l’obligation philosophique de reconnoître, qu’il est une sanction naturelle des loix de mon être ; puisque j’éprouve un mal lorsque je les viole.

Parce que je m’aime moi-même, & que je ne puis pas ne point désirer d’être heureux ; je ne puis pas ne point désirer de continuer d’être. Je retrouve ces désirs dans mes semblables, & si quelques-uns paroissent souhaiter la cessation de leur être, c’est plutôt le