Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée

Afin donc que nous pussions acquérir une notion complette de l’animal, il faudroit que l’ange, dont je parlois il n’y a qu’un moment, fit tomber le masque, & qu’il nous montrât à découvert l’être que la nature a si bien déguisé. Quels ne seroient point alors notre surprise & notre ravissement ! Combien cette métamorphose nous paroîtroit-elle plus étonnante que toutes celles de la fable ! Mais ; très probablement notre surprise seroit muette ; non seulement parce qu’elle seroit extrême ; mais, sur-tout, parce que nous manquerions de termes pour exprimer ce qui s’offriroit à notre vuë. Nous serions à peu près dans le cas d’un homme qui seroit transporté dans le monde de Venus : quand cet homme posséderoit tout le dictionnaire encyclopédique, il est bien probable qu’il seroit encore dans l’impuissance de décrire ce qu’il découvriroit dans ce monde-là.

Que seroit-ce enfin, si l’ange nous dévoiloit, en même tems, tous les rapports secrets du corps auparavant invisible de l’animal avec son corps grossier, & s’il nous manifestoit encore tous les rapports du premier avec l’état futur de notre monde ! La tête d’un moucheron