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choses, notre connoissance intuitive ne sçauroit pénétrer jusques-là ? Afin donc que notre manière naturelle de connoître par intuition pût nous dévoiler ce grand mystère, il seroit nécessaire que nous acquissions de nouveaux organes ou de nouvelles facultés. & si notre connoissance intuitive changeoit à un tel point, nous ne serions plus précisément ces mêmes hommes que Dieu a voulu placer sur la terre ; nous serions des êtres fort supérieurs, & nous cesserions d’être en rapport avec l’état actuel de notre globe. Je suis encore obligé de renvoyer ici à ce que j’ai dit des bornes naturelles de nos connoissances dans la partie XIII de cette palingénésie.

L’auteur de notre être ne pouvoit-il donc nous donner cette certitude morale, le grand objet de nos plus chers désirs, sans changer notre constitution présente ? La suprême sagesse auroit-elle manqué de moyens pour nous apprendre ce que nous avons tant d’intérêt à sçavoir, & à sçavoir avec certitude ?

Je conçois facilement, qu’elle a pu laisser ignorer aux animaux leur destination future : ils n’auroient plus été des animaux, s’ils avoient connu ou simplement soupçonné cette destination :