Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 2.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’homme, de tous les êtres terrestres le plus social, a donc un grand intérêt à cultiver la sensibilité, puisqu’elle fait partie de ce bel assortiment de qualités, qui constitue l’être moral. Mais ; il ne permettra point qu’elle dégénére en foiblesse & qu’elle dégrade son être.

L’homme risqueroit de corrompre bientôt ses mœurs, s’il se familiarisoit trop avec les souffrances & le sang des animaux. Cette vérité morale est si saillante, qu’il seroit superflu de la développer : ceux qui sont chargés par état de diriger les hommes, ne la perdront jamais de vuë. Je regarderois l’opinion de l’automatisme des bêtes, comme une sorte d’hérésie philosophique, qui deviendroit dangereuse pour la société, si tous ses membres en étoient fortement imbus. Mais, il n’est pas à craindre, qu’une opinion, qui fait violence au sentiment, & qui contredit sans cesse la voix de la nature, puisse être généralement adoptée. Celui qui a fait l’homme pour dominer sur les animaux, semble avoir voulu prévenir par cette voix secrete l’abus énorme de sa puissance, & avoir ménagé aux malheureux sujets un accès au