Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mon existence quotidienne était assombrie par l’inquiétude religieuse, la sévérité et l’incompréhension des miens et par l’état d’infériorité où me laissait un physique débile. Je vivais isolé des autres par mon orgueil. Ma vie était toute de replis et de retraits. Tout un arrière-fonds de scrupules m’empêchaient de me développer complètement. La confession, qui se faisait le soir après la classe, prenait à mes yeux un aspect de véritable cauchemar. Dans la nef à peine éclairée, je devais faire un détour pour éviter le retable, où l’on conservait, sous un verre, une hideuse statue de cire, habillée et souillée de sang, représentant saint Tarcisius. Le confessionnal, situé près de la sacristie, était éclairé par le jour blafard qui tombait d’un vitrail décoloré. Le chuchotement des pénitents et les grognements courroucés du confesseur ne tardaient pas à me prendre aux entrailles. Enfin, le rideau de popeline retombait derrière moi et je restais seul, écrasé au pied du crucifix.