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Le jam, en s’affaissant dans les flots en démence,
A broyé le canot.

                              Qu’importe ! ils sont debout
Sur un pin ballotté par la vague qui bout ;
Et, grâce à leur sang-froid, à leur virile adresse,
Ils résistent aux chocs de la houle traîtresse.
Entre le ciel et l’eau, leur levier à la main,
Ils cherchent à s’ouvrir, au hasard, un chemin.
Regardez-les tanguer ! regardez leur manœuvre !
Ils ont les mouvements souples de la couleuvre,
Et voguent, salués des délirants hourras
Du chef unis à ceux de ses vingt forts-à-bras.
Ne pouvant cependant regagner le rivage,
Ils laissent l’Etchemin écumeuse et sauvage
Les emporter avec la fougue du coursier.
Se servant du canthook comme d’un balancier,
Ils tiennent, sous leurs pieds, bien d’aplomb et solide,
La bille qui les porte au milieu du rapide.
Plongeant dans les remous, bondissant sur le dos
Des lames dont le râle attriste les échos,
Tout trempés par le flot qui les fouette ou les lèche,
Ils descendent aussi véloces que la flèche ;
Et les arbres du bord défilent sous leurs yeux
Comme un panorama sombre et mystérieux.
Parfois, pour amuser, au loin, les camarades,
Les fiers audacieux ébauchent des gambades.
Mais voyez…