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Enfin l’homme a levé son outil. Vlan !. Il bûche.
Il sent sous lui les flots. C’est la mort, s’il trébuche.
Au-dessus de sa tête il sent le bois trembler.
C’est la mort, si ce bois pesant vient à rouler.

Lachance, remué du frisson de l’attente,
Regarde tour à tour la hache miroitante,
Le monceau gigantesque et le gouffre fumant,
Et, prudent, à son chum répète : ― Doucement !

Bourque frappe toujours. Vlan ! vlan ! Il frappe, il frappe
Et geint. Ahan ! ahan ! Il sape. Vlan ! il sape.
Par moments il s’arrête, il écoute, épiant.
Bientôt il recommence à bûcher le géant.
Les plus courageux sont haletants sur Pécore.
Vlan ! vlan ! vlan !... Bourque frappe encore, encore, encore
Et le fer acéré jamais ne ralentit.

Soudain un craquement bref et sourd retentit,
Suivi d’un bruit plus long qui court jusqu’à la rive.
Et la masse frémit, croule, flotte, dérive.
Et les deux fiers gaillards de billot en billot
Bondissent, un éclair aux yeux, vers le canot
Mis à sec sur un tronc demi-flottant.

                                                  Malchance !