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Le Nord laurentien lui comme le Midi ;
Nos eaux ont tout l’éclat des miroirs de Venise,
Et les palais flottants, que heurta la banquise,
Reviennent sillonner leur cristal attiédi.

Le soc d’acier, tranchant et clair comme le glaive,
Rouvre l’âpre jachère où dormaient les grillons,
Et des guérets fumants, inondés de rayons,
Vers l’ostensoir des cieux un encens d’or s’élève.

Sous l’étincellement du plus riant des mois
L’âme s’émeut, le spleen s’enfuit, le sport s’agite,
Et sur des lacs lointains, où foisonne la truite,
Les pêcheurs joyeux font merveille au cœur des bois.

Et la brise, frôlant les grands flots de turquoise,
Nous apporte la voix mâle des gais flotteurs
Qui, sur leurs longs radeaux aux sauvages senteurs,
Chantent à plein gosier : C’est la belle Françoise.