Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée


Devant qui tant de fois avaient fui tant de preux,
Venaient de reculer sous la grêle des balles.

La Déroute emporta ces combattants fougueux
Dont Crémazie a dit les tragiques prouesses.
Le sort jaloux, hélas ! trahissait nos aïeux ;
Et dans les bourgs naissants, la veille encor joyeux,
Éclatèrent bientôt de longs cris de détresse.

Un deuil sans nom couvrit nos champs et nos forêts ;
Et, comme l’albatros blessé, traînant son aile,
L’antique drapeau blanc, troué par les boulets,
S’abaissa sous l’essor de l’étendard anglais
Et s’enfuit pour toujours vers la Gaule immortelle.


IV


Plus d’un siècle a passé sur Québec grandissant
Depuis l’heure où, ployant sous la désespérance
Qui torturait un peuple à peine adolescent,
Nos pères, noirs de poudre et maculés de sang,
Y virent s’envoler les couleurs de la France.

Plus d’un siècle a passé ; mais toujours sous nos cieux
Nous vénérons Montcalm, nous chérissons la race
Dont sortit ce vaincu superbe et glorieux.