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Le coq est un pédant, un chanteur ridicule,
Qui se bat sans raison et frappe comme un sourd.
Dressé sur ses ergots de l’aube au crépuscule,
Il cherche à dominer toute la basse-cour.
On dirait qu’il se croit le rival du vautour,
Et le capon devant le dindon capitule.

Cruel, jaloux, vulgaire, impuissant à planer,
Il ne s’élance pas vers l’astre qui flamboie.
Sur le sol poussiéreux il aime piétiner ;
A gratter un parterre il met toute sa joie ;
Il cherche dans le faible une facile proie,
Et souvent ses méfaits le font emprisonner.

Non, non, ce triste oiseau pour moi n’est pas la France.
L’alouette plutôt incarnera toujours
Le grand peuple, amoureux du vin de l’éloquence,
Que charmaient les accents naïfs des troubadours,
Qui voit tout, du sommet orgueilleux de ses tours,
Et le premier vola dans l’étendue immense.

L’alouette hardie est fille du soleil.
Ne gazouillant jamais qu’aux rayons de l’aurore.
Elle va vers l’éther pour chanter le réveil.