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Effleuré des rayons indécis de l’aurore,
La nacelle fendant les flots harmonieux
Sous les élans rythmés de la rame sonore.

La brise nous apporte en passant des fragments
Du fébrile entretien du couple sur la lame.
Nous savons qu’un soupçon torture un des amants
Et qu’ils se font tous deux de tragiques serments ;
Car, en dépit du bruit cadencé de la rame,
La brise nous apporte en passant des fragments
Du fébrile entretien du couple sur la lame.

À mesure que monte à l’horizon lointain
Le disque du soleil libre de tout nuage,
Plus gaîment, dans le calme et la paix du matin,
Le lac donne aux rochers son baiser argentin,
Plus gaîment le bouvreuil siffle sous le feuillage,
A mesure que monte à l’horizon lointain
Le disque du soleil libre de tout nuage.

Mais tout à coup, jetant l’épouvante aux oiseaux,
Résonnent des mots pleins d’indicible détresse,
Suivis d’un clapotis sinistre dans les eaux.
L’esquif allait frôler un fouillis de roseaux,
Que la brise faisait chanter sous sa caresse ;