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moniteur a attiré à lui ce journal, comme la Seine attire à elle la riviere des Gobelins. Voyez le Moniteur.

La Cocarde nationale : nos ancêtres n’auroient jamais deviné que Cocarde nationale eût pu devenir le titre d’un journal… mais que de choses nos ancêtres n’auroient pas devinées ! C’est une œuvre toute patriotique que le journal, dit la cocarde nationale, ce sont des soldats-citoyens qui y cooperent, & Buisson, soldats-citoyen, qui nagueres le vendoit ; il est rédigé par un fils littéraire de M. le Tourneur, qui n’y emploie pas le style des nuits d’Young, parce que le langage de l’épopée n’est pas celui d’un franc soldat. Il y a des anecdotes piquantes dans cette Cocarde ; j’aime, par exemple, celle où MM. de Cluni offrent de rendre une statue de marbre de Turenne ; mais j’applaudirois davantage au zele de ces MM. s’ils gardoient le Turenne, & nous donnoient cette belle vierge d’argent que je leur ai vue.

Le Courier de Provence : il a le plus grand débit : il est fait par un Prussien qui a tous les talens littéraires, & possede notre langue à un degré si éminent, qu’il ne nous donne pas un numéro où il n’y ait quelque mot nouveau dont les quarante ne se seroient jamais douté ; & ce, parce que les quarante n’ont que les idées des autres, & que le Prussien en a qui ne sont qu’à lui. Il est devenu néologue par nécessité ; & comment eût-il écrit sans néologisme ce traité sur le commerce des