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que nous n’avions jamais si bien connu, & qui nous menera loin. Nous avons enfin conquis ce droit imprescriptible d’être libres[1]. Sachons le conserver, & pour en sentir le prix, ne confondons point la liberté avec la licence ; n’écoutons point ces démagogues qui nous crient qu’elle est la faculté de faire tout ce qu’on est en pouvoir de faire. La liberté qu’ils prêchent est celle d’un cannibale isolé. Un peuple libre est celui qui vit sous l’autorité des loix, bonnes ou convenables, qu’il s’est données lui-même ou par ses représentans. Où il n’y a point d’ordre, il n’y a point de liberté. C’est de l’obéissance aux loix que nous avons consenties qu’émane cet ordre qui seul peut ramener la confiance…, cette confiance que nous n’avons plus dans le moment même que nous nous traitons de freres, & que nous nous embrassons. Ah ! s’il en étoit autrement, nous embrasserions-nous armés d’un cime-

  1. L’auteur dit conquis & non reconquis, parce qu’avant la révolution les François n’avoient jamais été libres, malgré ce qu’en disent certains phrasiers, qui nous crient d’un air fier : les Francs, nos peres, étoient libres. — Eh ! non, Messieurs ! les Francs, vos peres, qui faisoient des bottines, des casaques, des rondaches, & qui auroient fait des phrases comme vous, s’ils avoient su lire ; ces Francs, dis-je, étoient des cerfs qui vivoient sous je joug féodal de ces francs hommes d’armes dont se prétendent issus certains François qui, d’hui en un an, paieront taille & taillon comme vous. Note de l’éditeur.