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commerce avec le monde, perdent un tems précieux pour la fortune. Les uns sont des marchands qui, sachant la langue du pays, vendent et s’approvisionnent tout de suite, tandis que les autres sont obligés d’apprendre la langue de leurs vendeurs et de leurs chalands. Avant que d’exposer leur marchandise, et d’entrer en traité avec eux, souvent même ils dédaignent d’apprendre cette langue, et alors ils s’en retournent sans étrenner.

XXXVIII

Il y a une prudence supérieure à celle qu’on qualifie ordinairement de ce nom ; l’une est la prudence de l’aigle, et l’autre, celle des taupes. La première consiste à suivre hardiment son caractère, en acceptant avec courage les désavantages et les inconvénients qu’il peut produire…

XXXIX

Pour parvenir à pardonner à la raison le mal qu’elle fait à la plupart des hommes, on a besoin de considérer ce que ce serait que l’homme sans sa raison. C’était un mal nécessaire.

XL

Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vêtus.