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de cuisine que je sais, c’est moi qui me le suis donné.

XLV
ENTRE MADAME DE B… ET M. DE L…

M. de L… — C’est une plaisante idée, de nous faire dîner tous ensemble. Nous étions sept, sans compter votre mari.

Madame de B… — J’ai voulu rassembler tout ce que j’ai aimé, tout ce que j’aime encore d’une manière différente, et qui me le rend. Cela prouve qu’il y a encore des mœurs en France ; car je n’ai eu à me plaindre de personne, et j’ai été fidèle à chacun pendant son règne.

M. de L… — Cela est vrai ; il n’y a que votre mari qui, à toute force, pourrait se plaindre.

Madame de B… — J’ai bien plus à me plaindre de lui, qui m’a épousée sans que je l’aimasse.

M. de L… — Cela est juste. À propos ; mais un tel, vous ne me l’avez point avoué : est-ce avant ou après moi ?

Madame de B… — C’est avant ; je n’ai jamais osé vous le dire ; j’étais si jeune quand vous m’avez eue !

M. de L… — Une chose m’a surpris.