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est une des plus belles qu'il y ait au théâtre ; ear c'est au moment où Aman s'imagine être au faite des honneurs , qu'il tombe tout à coup, et qu'une nation entier ^^ , dévouée à la mort, semble sortir du tombeau pour renaître au bonheur. Et puis , quelle diction ! Racine , ayant senti lui-même le défaut inhérent au sujet de son ouvrai^e , paraît avoir cherché à le couvrir, en y répandant avec profusion tous les trésors de sa brillante imagina- tion et de sa plume harmonieuse, et par-là seul avoir dédommagé cette tragédie de ce que ses aînées avaient d'avantage sur elle.

On chérit généralement Esther avec une sorte de prédilection ; on en parle avec complaisance , et beaucoup de gens assurent qu'on la lit plus qu'aucune des autres tragédies de Racine. D'où cela viendrait-il ? Est-ce parce qu'elle est mieux écrite , conune quelques littérateuis le pré- tendent (*), ou parce que, ne paraissant pas sur la scène elle offre d'avantage l'attrait de la nou- veauté ? En supposant mon hypothèse vraie, ce dont je ne voudrais pas répondre, j'avoue que je penche à croire ce dernier motil plutôt (ju'aucun autre. Ce sera toujours une question insoluble que de savoii' lacjuelK^ des tiagédies de liacine l'emporte sur l'auli-e pour l élégance de la diction. L'un nommera Phèdre, ï autre y^thalie; un troi-

��(*) Entr'awties , M. Ltfranc de Pompignau. Voyez sa lettre ù Raeine le fils.

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