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4^6 ŒUVRES

LETTRE XIII.

C'est à M. Leveillard que je dois , mon cher ami, d'être certain que vous vivez, et que faible encore, vous vous portez mieux. C'est à lui que je dois de sa^ oir les progrès si ridiculement longs de votre fortune , qui ne font pas moin-, votre é!o2;e que la honte de vos amis : mais enfin , je n'ai pas su par vous un mot de ce qui vous intéresse. Je l'ai demandé en(inàLeveillard qui , malade lui-même, mais sensible à ma peine, m'a répondu courrier par courrier, et m'a laissé le regret de ne m'étre pas plutôt adressé à lui.

S'il est vrai que vous m'aimiez, mon cher Chara- fort. je vous prie d'occuper un moment votre imagination de ce que la mienne, qui ne manque pas d activité, a dû souffrir de votre silence opi- niâtre, que je vous ai quatre fois supplié de rompre, ne fût-ce que par un mot de voire laquais, si

M. R ne voulait pas me faire le sacrifice de

quelques miruites. Je ne sais pas ce que je n'ai pas cru, et j'en étais venu à ce point que je ne per- mettais point à ma compagne de prononcer A'otrc nom; j'éprouvais trop d' iigoises et d'inquiétudes; tous mes efforts étaient dirigés à me distraire de vous. J'avais renoncé à vous écrire jusqu'à ce que je susse votre sort. Maintenant, vous m'écrirez et

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