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sions ; c’est ainsi qu’il fut secrétaire de madame Elisabeth. On l’embarrassa beaucoup, en le voulant faire secrétaire de l’ordre du Saint-Esprit ; il y avait encore là 2000 fr. de pension à gagner. Mais une espèce de demi-cordon bleu à porter en sautoir gâtait l’affaire. Cela avait l’air subalterne ; et c’était alors que Chamfort invoquait la religion de l’égalité, qu’il n’eût jamais connue, s’il avait pu porter ce même cordon de l’épaule dextre à la hanche gauche.

D’ailleurs, on lui rappela qu’il avait dit à notre excellent Ducis, à qui on proposait le cordon de Saint-Michel : « Que feras-tu de ce ruban ? tu ne l’auras pas plutôt qu’il faudra le porter. » La révolution vint ; vous avez conté le reste. Il fini par s’enivrer de démocratie et de mauvais vin, e puis se tuer, se manquer, se recommencer. Je vois en lui beaucoup de rage, et cherche son humanité. Il dédaignait à la fin qu’on vantât son Marchand de Smyrne ; il regrettait sûrement que son Zéangir eut peu duré : la Jeune Indienne est une parfaite et élégante bagatelle, dont on doit, ce me semble, l’idée à Métastase. Son éloge de Molière a été lu ; mais on relit surtout celui de La Fontaine. Je voudrais qu’on publiât ses noies pleines d’esprit sur ce poète. Mais qu’a-t-il fait de son poème commencé sur la Fronde ? Quand il l’entreprit, il était loin des sublimités du sans culotisme… Bon soir.