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DE CHAMFORT. ' 349

Parmi ceux qui se firent coiinaîtie dans le même temps, je me rappelle l'abbé Delille , non moins fécond en saillies , et qui la bien surpassé en gloire littéraire. Leur caractère modifia bien diversement leur esprit. Delille a toujours plu comme un enfant. Chamfort sollicitait le rire et se faisait redouter. Il reprocha un jour à l'abbé la richesse de ses rimes , qu'il appelait des sonnettes; celui-ci le plaignait de ne faire entendre que des grelots.

Les bons mots de Chamfort se heurtèrent bien- tôt contre ceux de Duclos. Le vieux maître d'es- crime montra un peu d'humeur du ton libéré du jeune homme , et dit en gromelant :

Ce u'était pas jadis sur ce ton ridicule....

Chamfort acheva :

Qu'.A.mour dictait les vers que soupirait Racine.

Cependant il s'aperçut qu'il y avait à pi-ohter avec cet homme. Il remarqua, il imita, il surpassa peut-être ce ton de flatteur brusque, cet art de caresser les grantls avec une apparence de rudesse qui avait valu à Duclos, de la part d'un autre ma- lin, l'épithète de faux sincère. Mademoiselle Qui- nault , qui me l'a dit, lui donnait un autre nom assez plaisant don Brusquln d'Algarade. Chamfort eût mérité cette grandesse. J'ai vu de ses fureurs. J'ai ri de l'humilité où il tenait lelégantVaudreuit, son patron. Celui-ci s'occupait sans cesse à lui procurer des accès à la cour, et Chamfort se rési gnait à accepter de petits titres en faveur des peu-

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